La journée du 26 juillet fut longue et éprouvante. Suite à la pose du gel pour déclencher mon accouchement, j'ai commencé à sentir les premiers effets des petites contractions mais cela restait encore supportable.
On m'a prélevé du sang et des urines pour les faire analyser plus tard pour voir si il y avait une explication pour le décès de mon bébé.
On m'a ensuite installé dans une chambre et j'ai réalisé que j'étais entourée de femmes qui venaient d'accoucher de leur bébé. J'entendais leurs pleurs et la pouponnière était au bout du couloir et j'avais vue sur elle en sortant de ma chambre.ma chambre était faite pour accueillir un nouveau né avec un coin à langer et un petit lavabo pour faire la toilette du bébé... Ca ne m'a pas aidé dans ma douleur...Je n'avais pas ma place à cet endroit...
Le papa était avec moi et me soutenait. Je sais qu'il souffrait beaucoup mais il tentait de ne rien laisser paraître. Sa mère et sa belle mère sont venues nous voir dans l'après midi pour nous soutenir. Elles étaient touchées, tristes pour nous et je me suis sentie encore plus mal de les rendre malheureuses.
Le papa est reparti dans la soirée pour s'arranger avec son boulot car son absence n'était pas planifiée et je souhaitais qu'il se repose. (Je ne voulais pas non plus qu'il me voit me tordre de douleur car il se serait senti impuissant). Malgré la douleur nous nous envoyions des textos toutes la soirée.
La soirée était d'ailleurs interminable. Je supportais de moins en moins les contractions et je devais régulièrement retourner en salle d'accouchement pour voir où en était le travail , j'étais donc obligée de passer devant les mamans et leurs bébés... Je me sentais vraiment de trop.
Vers 23h00 la douleur est devenue insoutenable. J'ai supplié la péridurale mais la sage femme m'a dit qu'il était trop tôt car mon col était dilaté à seulement 1 cm et je devais atteindre 3 cm pour y avoir droit. Elle me fit alors une piqure de morphine pour me soulager. Cela me soulagea pendant une heure environ puis les douleurs se firent ressentir crescendo à nouveau. Ma tête tournait, j'avais la nausée mais rien à vomir. Aux toilettes, j'ai perdu le bouchon muqueux qui annonçait le travail et dont tant de femmes enceintes parlaient. Je ne m'étais pas préparée à le voir venir dans ces circonstances mais plutôt avec la joie de l'arrivée imminente de mon bébé...

Le 27/07/2013 : Enfin vers 1h du matin j'ai eu droit à la péridurale. On m'a installée en salle d'accouchement et l'anesthésiste m'expliqua comment elle procèderait. Malgré les contractions, elle réussi à me la poser sans difficultés. On me donna aussi un produit à boire pour ne pas vomir. Mais le soulagement fut de courte durée car les nausées revinrent et je vomissais quand même et 1 heure plus tard, les douleurs sont revenues 10 fois plus intenses et rapprochées. Sur le monitoring qui mesurait l'intensité des contractions, j'étais au dessus de 100. Il a fallut rappeler l'anesthésiste qui cette fois-ci me fit une double injection et là la douleur s'atténua peu à peu.
Je crois qu'après je me suis endormie puis j'ai été réveillée vers 4h30 du matin par la sage femme qui après examen, m'a annoncé que ce serait le moment de pousser. J'étais en panique car je ne voulais pas être seule. J'avais besoin du papa et surtout il devait être là pour comprendre et se sentir père.
La sage femme m'a d'abord placé une sonde urinaire puis m'a percé la poche des eaux. Elle m'a ensuite allongée sur le côté et s'est absentée pour passé un coup de téléphone au papa, et je ne sais comment, en un éclair mon homme est arrivé à la l'hôpital. J'étais fière de lui !
Entre temps j'ai poussé toute seule à chaque contraction allongée sur le coté. Je sentais la tête de Nolan qui s'engageait dans mon périnée. Je voulais le sortir au plus vite de moi. Je savais que c'était les derniers instants où je le porterai mais je devais le laisser partir. Ca me fendait le c½ur.
Il était 5 h00 du matin quand le papa m'a donné la main et d'un regard confient il m'a fait comprendre qu'il serait là jusqu'au bout.
Une autre sage femme est arrivée en renfort pour préparer tout le matériel. Puis j'ai commencé à pousser. Je ne sentais plus vraiment le bas de mon corps mais je donnais toutes les forces qui me restaient. Malgré l'anesthésie, je sentais Nolan qui progressait de plus en plus hors de moi. Les sages femmes ne cessaient de m'encourager « oui c'est bien continuez, je vois sa tête ! ».
Tout le long, j'ai veillé à ce que le papa ne regarde pas vers le bas de mon corps. J'avais peur qu'il voit le bébé. Il m'a dit qu'il n'aurait pas la force de le voir, que ça lui ferait trop mal, alors je le protégeais de ma main en lui faisant une ½illère.
A 5h40, en une dernière poussée, Nolan sorti hors de moi. Ce fut une sensation étrange que je n'oublierai jamais. Le silence était total et j'attendais désespérément un cri où un pleur de mon bébé. J'y croyais fort, je voulais qu'il se réveille. Mais rien...Tout s'est brisé en moi, mon c½ur était déchiré et j'imagine que pour le papa c'était la même chose.
La sage femme a coupé le cordon, et moi et le papa nous nous regardions les yeux l'un dans l'autre, vidés. J'ai entendu la sage femme qui enveloppait mon bébé dans une couverture. Elle le portait comme un nouveau né vivant puis elle l'a emmené derrière pour le laver.
Elle est ensuite revenue car il fallait que je pousse encore pour faire sortir le placenta. En dix minutes de poussée, celui-ci sorti et je n'aurais pas cru que cela avait cet aspect...
Au fur et à mesure que la péridurale s'atténuait, je sentais mon ventre vide. Je ne me sentais plus moi-même et j'éprouvais un manque profond, celui de porter mon bébé en moi.